RDC : malgré l’appréciation du franc congolais, la population perd 33,3 % de son pouvoir d’achat

RDC : malgré l’appréciation du franc congolais, la population perd 33,3 % de son pouvoir d’achat

Alors que le franc congolais s’apprécie face au dollar américain, les ménages congolais peinent à en ressentir les effets. Le panier de la ménagère se rétrécit, et les prix des produits de première nécessité demeurent élevés, entraînant une perte estimée à plus de 33 % du pouvoir d’achat.

Depuis la chute des monnaies étrangères, les marchés de Kinshasa, de Mbujimayi et de Lubumbashi n’ont pas connu de véritable réajustement. Sur papier, le taux de change reste instable autour de 1 USD pour 1 900 à 2 500 FC, selon les cambistes. En pratique, chaque opérateur affiche son propre taux, semant ainsi la confusion.

« Avant, avec 100 dollars, je pouvais faire la provision du mois. Aujourd’hui, il me faut ajouter environ 95 000 FC pour les mêmes produits alimentaires », se plaint un père de famille rencontré au marché Gambela.

Les économistes expliquent que si l’appréciation du franc congolais est une bonne chose, elle ne produit d’effets réels que lorsqu’elle s’accompagne d’une baisse effective des prix. Or, celle-ci reste timide, voire inexistante.

Sur les étals, les vendeurs invoquent “l’épuisement des stocks” pour justifier le maintien des prix malgré le rabaissement du taux de change. Une explication qui irrite plus d’un consommateur.

« Quand la monnaie nationale se déprécie, les prix montent aussitôt et de manière automatique sans un communiqué du gouvernement moins encore de la banque centrale. Mais quand elle s’apprécie, les commerçants trouvent toujours des excuses. C’est de la mauvaise foi ! », fulmine un père de famille rencontré au marché Baluba dans la commune de Bandalungwa.

Sur l’avenue Shaba, un habitué des grillades s’indigne également.

« Avec 10 dollars, je pouvais manger un plat complet. Aujourd’hui, il faut ajouter 9 500 FC de plus. Où est l’effet de la baisse du dollar ? » s’interroge-t-il, en appelant le gouvernement à faire respecter le taux directeur de la Banque centrale du Congo sur les marchés.

« Pouvez-vous imaginer que le 10 dollars ne peut plus acheter 1Kg de Ngulu (Porc) grillé ?» S’interroge un consommateur sur l’avenue Kapela, Quartier général de viande de porc dans la capitale situé dans la commune de Kalamu.

Et d’ajouter : « le kilo de “Ngulu” se vendait entre 25 000 et 28 000 fc équivalent de 10$ et aujourd’hui je suis obligé d’ajouter plus 10 000 fc pour le même produit. Quelle tragédie ?».

Le secteur des transports n’est pas en reste. Malgré la baisse du prix du carburant, les tarifs restent inchangés.

« Nous continuons à payer le même prix. Certains chauffeurs ont même inventé et intensifié le “demi-terrain” pour justifier la hausse. C’est de l’escroquerie pure et simple», déplore un fonctionnaire de l’État.

Les sociétés brassicoles sont également pointées du doigt. Les consommateurs dénoncent leur refus d’ajuster le prix des boissons, alcoolisées ou non alcoolisée, malgré la baisse du taux de change.

Par ailleurs, les banques commerciales sont aussi accusées d’entretenir une distorsion. Selon plusieurs fonctionnaires de l’État, leurs salaires, payés en francs congolais, sont convertis à un taux bancaire de 2 800 FC pour 1 USD, alors que le marché parallèle affiche un taux bien inférieur.

« Nous sommes victimes d’un système bancal : nos salaires perdent de la valeur avant même qu’on ne les touche », regrette un enseignant tristement désespéré prêt à déchirer les billets de Franc congolais qu’il détenait entre ses mains.

Des agents et fonctionnaires de l’Etat attendant la paie du mois devant une banque à Kinshasa. Radio Okapi/ Ph. John Bompengo

Face à cette situation qui en larme les ménages, le rôle régulateur de l’État paraît timide.

« L’État congolais agit comme un spectateur dans son propre stade », ironise un économiste, estimant que la stabilisation du franc ne sera bénéfique que si elle s’accompagne d’un contrôle strict des prix et des taux pratiqués par les cambistes et les banques.

Pour beaucoup, la promesse électorale du Chef de l’État de redonner de la valeur au franc congolais ne prendra tout son sens que lorsque cette appréciation se traduira dans les marchés et dans les foyers.
Car, pour l’heure, le franc s’apprécie, mais la vie reste chère. Un véritable paradoxe économique sur les marchés qui ne cadre certainement pas aux promesses électorales du Chef de l’État.

Narcisse Ntumba

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