UDPS, bientôt 40 ans : cet anniversaire doit tomber dans un ciel sans nuage politique ! (Tribune de William Ikolo )

UDPS, bientôt 40 ans : cet anniversaire doit tomber dans un ciel sans nuage politique ! (Tribune de William Ikolo )

Le 15 février prochain, le plus grand parti populaire en République Démocratique du Congo va souffler sur ses 40 bougies. Quarante ans, soit l’âge de la maturité. En effet, le 15 février 1982 dix hommes créent au milieu de la dictature du parti unique du Mouvement Populaire de la Révolution, MPR en sigle, l’Union pour le Développement et le Progrès Social, l’UDPS.

Il y a tout juste quarante ans, dans l’ex Zaïre la création d’un parti d’opposition était une folie suicidaire. C’est pourtant ce que les pères fondateurs de l’UDPS ont consenti, portés par un désir irréfragable de liberté et de progrès social.

Dix démocrates ont posé il y a quarante ans, les premières pierres de la démocratie au Congo, il s’agit de : Etienne Tshisekedi wa Mulumba, Marcel Lihau, Fréderic Kibasa Maliba, Gabriel Kyungu wa Kumwanza, François Lusanga Ngiela, Anaclet Makanda Mpinga, Isidore Kanana, Lumbu Maloba Diba, Joseph Ngalula, Vincent Mbwakiem.

Ceux qui n’étaient que les membres d’un parti quasi clandestin, ont eu à traverser la vallée de l’ombre de la mort. Pour la plupart, leur appartenance à l’UDPS confinait avec de gros ennuis professionnels et privés. C’est le cas d’Etienne Tshisekedi qui a connu les relégations, les injustices, les brimades, l’exil, la mort.

Au total, trente-sept ans de lutte furent nécessaires pour gravir la montagne qui mène au pouvoir. A l’instar du Moïse de la Bible, la figure de proue de l’UDPS, Etienne Tshisekedi indiquera la voie qui conduit à la terre promise, sans l’atteindre lui-même. Il décèdera à Bruxelles, le 1er février 2017.
Tenir 37 ans dans la lutte à l’ombre est un Marathon qui a réclamé 37 ans de solidarité entre les membres, 37 ans d’unité ; 37 ans d’abnégation et de constance idéologique.

Un combat qui a traversé les générations. Les pères fondateurs ont légué la flamme de la démocratie à leur fils, qui ont eu l’immense charge de porter la lutte avec ardeur sans la dénaturer ni la compromettre. Une lourde responsabilité. Une lutte qui devait se mener sur tous les fronts aussi bien à l’intérieur du pays, qu’à l’extérieur. La vérité est celle-là. Chacun à son niveau a permis à la lutte d’aboutir à cette histoire romanesque qui fit du fils Etienne TSHISEKEDI, père de la démocratie congolaise, le cinquième Président de la République Démocratique du Congo, en la personne de Felix Antoine Tshisekedi Tshilombo.

Au sommet de ses ambitions, l’UDPS peut enfin savourer la conduite des prérogatives nationales : dans leur gibecière, la Présidence de la République, le Directeur de cabinet du Chef de l’Etat, 32 députés au niveau national, plusieurs ministres, 39 fédérations. Bref, une réussite qui pourrait réjouir les pères fondateurs : Celui du rêve accompli.

Moins de 3 ans après l’accès au pouvoir, cet accomplissement est déjà menacé.
« La devise de l’UDPS, c’est le peuple d’abord. L’UDPS c’est l’unité. Nous devons être dans l’unité pour accompagner le chef de l’Etat », Ce sont les mots de Guylain Nyembo en avril dernier lors d’une visite au Grand Katanga en prévision de l’arrivée du Chef de l’Etat, l’ancien Président de l’UDPS Benelux a retrouvé des militants de l’UDPS à Lubumbashi évoluant en frères ennemis. Conscient du besoin de l’unité dans le parti, il exhortera ses camarades de l’UDPS à marcher dans l’unité pour réussir.

Le pouvoir acquis, il reste donc à l’UDPS à relever le défis de l’unité, pour l’intérêt, non seulement du parti, mais de la nation congolaise toute entière. La conservation du pouvoir se fera à ce prix. Les ténors du partis doivent en être conscients car le pouvoir est volatile et toujours plus fragile qu’on se l’imagine. Certains militants ne semblent pas en avoir conscience et attisent des foyers inutiles que le parti aurait intérêt à éteindre à quelques jours de l’anniversaire des 40 ans.

Récemment, l’UDPS a donné à voir un spectacle surréaliste : des militants manifestement manipulés réclamant la tête de celui qui fait pourtant la fierté de l’administration présidentielle, le Directeur de cabinet du Chef de l’Etat Guylain Nyembo.

A en croire le Christ, un royaume ou une famille divisée ne peut subsister. Comment un parti le pourrait-il ? Outre l’indispensable unité du parti que ces factions brisent, c’est le pouvoir fraichement acquis qu’elles menacent. Bien que sensible à sa base, le Président aurait tort de céder aux caprices de ces trublions qui ne comprennent pas qu’ils fragilisent l’action du Chef de l’Etat en s’en prenant à un pilier de sa réussite. Ces attaques brouillent la narrative du mandat du père de la nation.

Guylain Nyembo est de ceux qui ont corrigé l’image trouble du cabinet du Président, habitué aux faits divers en début de mandat. Il incarne aux côtés de son chef la rigueur et la constance. C’est-à-dire ce qu’il manquait précisément au cabinet du Président.

Vilipender ce proche collaborateur du Chef de l’Etat ne peut se faire sans entacher la crédibilité de ce dernier. Partant, celle du parti qui a eu 37 ans pour affiner sa mécanique et comprendre le rôle de l’unité pour consolider le parti.

Dans à peu près un mois, l’UDPS devra souffler la bougie de la maturité politique. Idéalement, par égard et honneur pour les pères fondateurs, cet anniversaire doit tomber dans un ciel sans nuage politique.

Au surplus, par respect pour les nombreux anonymes qui ont contribué au succès de ce grand parti, ainsi que pour honorer la mémoire de tous ceux qui ont donné leurs vies pour que l’UDPS arrive au pouvoir, cet anniversaire doit sonner le glas d’une nouvelle conscience pour le parti qui ne doit jamais oublier d’où il vient pour savoir où il va.

Il a fallu trente-sept ans à l’UDPS pour monter les marches du pouvoir, les militants ne devraient jamais perdre de vue qu’il ne faut pas trente-sept ans pour en descendre.

William IKOLO

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