Ce que je pense est que le Front Commun pour le Congo (FCC) était un mort-né, et je l’avais dit aussi tôt qu’il a été créé. Il ne fallait pas être prophète pour le prédire. Un simple examen de sa structuration à la création suffisait pour le comprendre : le FCC est un conglomérat de plusieurs groupements politiques et personnalités venant de tout bord. De la majorité présidentielle et de l’opposition. De la droite, de la gauche et du centre. Il y avait des lumumbistes, mobutistes, tshisekedistes, bembistes, kengistes, kabilistes, et des opportunistes… Une structure hétérogène qui ne pouvait jamais prétendre à l’unité.
Ce que je pense est que le FCC n’avait à sa création ni âme, ni esprit. Il ne l’a toujours pas et ne l’aura jamais, à moins d’un miracle. En effet, tous les groupements de partis regroupés au sein du FCC avaient chacun son idéal qui ne cadrait nécessairement pas avec celui des autres. Un corps sans âme, ni esprit peut-il vivre ou survivre ? Nullement. Bien plus, les objectifs des uns et des autres n’étaient pas les mêmes ! On peut les résumer en trois groupes principaux. Pour le premier, c’était rester au pouvoir aussi longtemps que possible ; et pour y arriver, il faut changer la constitution, la loi électorale et certains textes y afférant. Pour le second, par contre, il ne fallait rien changer ; seule l’amélioration de la gouvernance suffisait pour atteindre les objectifs recherchés. Pour le troisième, c’était question de se refaire la santé financière et constituer le butin pour se faire élire en 2018 quel qu’en soit le prix. Un regroupement avec des objectifs aussi contradictoires pouvait-il tracer un plan et élaborer des méthodes et techniques pour atteindre ses objectifs ? Difficile de le croire.
Ce que je pense est que le FCC, créé principalement pour faire élire de ses rangs un Président de la république à fin décembre 2018, devait disparaitre aussi tôt l’échec consommé. Comme tout le monde le sait, le candidat président du FCC, issu du PPRD, a été battu en plate couture en dépit de tous les moyens mis à sa disposition. Aucun candidat en lice n’a eu autant de moyens et d’appui politique que lui. Malheureusement, le candidat le plus nanti n’a été en mesure de gagner les élections. Dès cet instant, le FCC devait soit disparaitre au profit d’une autre organisation qui devait être créée, soit se structurer profondément pour retrouver l’âme et l’esprit ainsi qu’un objectif commun capable de mobiliser tous les acteurs politiques de la corporation. A défaut, ce qui est arrivé était plutôt prévisible. En effet, on ne reconduit pas une équipe qui perd.
Ce que je pense est que l’Union Sacrée devait éviter les erreurs du FCC : être une association de tous les groupements et hommes politiques venant de partout dans le but de constituer une majorité parlementaire. Une telle structure, sans âme et esprit, ne pourra donner que des résultats semblables à ceux du FCC. En effet, l’objectif final d’un parti ou regroupement politique n’est pas d’avoir une majorité au Parlement. Celle-ci demeure plutôt un moyen politique en appui à l’action gouvernementale pour une meilleure mise en œuvre de la politique économique. Que peut-on faire avec les mêmes acteurs qui ont composé et animé le FCC et ont traversé la frontière pour rejoindre le CACH et former l’Union sacrée ? Certains d’entre eux déclarent tout haut avoir été débauchés en contrepartie des sommes d’argent alléchantes. D’autres disent y aller sans y croire, si ce n’est pour chercher les postes ! Si le CACH a critiqué sévèrement le FCC, c’est à cause notamment de ces mêmes acteurs politiques qui hier, étaient les chantres du kabilisme, et aujourd’hui deviennent les chantres du tshisekedisme ! Certains ont même retrouvé leur maison de départ, parce qu’étant tshisekedistes à l’origine. Les diables d’hier peuvent-il devenir des anges d’aujourd’hui ? Qu’est-ce qu’ils peuvent faire de mieux aujourd’hui dans l’Union sacrée qu’ils n’ont pas été en mesure de faire hier dans le FCC ? Ne seront-ils pas demain les pourfendeurs du Tshisekedisme ? Ne vont-ils pas faire la retraversée avant 2023 ?
Ce que je pense est que la RDC a besoin d’une vraie majorité parlementaire qui naitrait des urnes. Une vraie majorité, celle de rupture, qui serait l’expression de la population de voir le changement radical se réaliser. Etienne Tshisekedi wa Mulumba, n’avait-il pas résumé en un seul mot son programme d’actions lorsque l’ancien président du Parlement de Transition, Mgr Mosengwo, lui demanda de l’exposer ? En un mot, avait-il dit, « mon programme, c’est le Changement ». Non seulement la salle de congrès du Palais du peuple avait vibré, mais tout Kinshasa avait bougé. Le pays aussi. Le peuple congolais n’a plus besoin de voir les mêmes acteurs qui ont échoué partout depuis les années 60 continuer à le tromper avec la même démagogie. Les mêmes qui changent comme de caméléons : Ils ont été lumumbistes, mobutistes, tshisekedistes (le père), kabilistes (le père et le fils) et aujourd’hui redevenus tshisekedistes (le fils) ; et pour combien de temps ? Les mêmes méthodes ne peuvent produire que les mêmes résultats. Le peuple a besoin des nouveaux acteurs avec des nouvelles idées et dépositaires des valeurs. Des nouveaux acteurs ne sont pas nécessairement des jeunes, parce qu’il y en a aussi qui ont vieilli prématurément dans la mauvaise gouvernance. Le peuple a plutôt besoin de jeunes et vieux capables de créer une nouvelle société de politiciens compétents, travailleurs, courageux, qui croient aux valeurs et pensent que l’objectif premier de la politique est de travailler pour le peuple et non pour soi-même. Pas en théorie, mais en pratique.
Ce que je pense est que l’Union sacrée dans sa forme en cours de composition n’est pas en mesure de créer une nouvelle classe politique et un nouvel idéal. Les mêmes causes entrainant les mêmes effets, nous risquons de vivre avec un nouveau FCC appelé Union Sacrée. Et les résultats ? Ils seront quasiment les mêmes que ceux du FCC. Wait and see.
MATATA PONYO Mapon