Depuis très longtemps la République Démocratique du Congo a perdu les pédales sur tous les plans de la vie, c’est encore à cette période où le covid19 impose son rythme. Une perte de vitesse sur l’économie planétaire et n’épargne certainement pas la RDC d’où la jeunesse a perdu sérieusement les repères d’une bonne conscience. Un taux de médiocrité qui bât son plein à tous les niveaux sans un effort constaté.
Personnes ne s’en souci, la jeunesse Congolaise avouée à elle-même et abandonnée à son triste sort. Les animateurs des institutions et autres autorités qui devraient lui venir en aide, font passer devant l’intérêt du pays, leurs besoins personnels et ceux de leurs familles politiques.
Après une longue observation, dans une lettre ouverte de 6 pages, Constant Mutamba, un jeune congolais essaie de rédresser cette conscience longtemps courbée par la succession des évènements malheureux.
La voilà !
Exacerbation des antivaleurs, prise en otage de l’opinion publique par des phénomènes bénins et dérives démocratiques…
Très Chers compatriotes, Depuis un certain temps, l’actualité politique congolaise est dominée par des faits divers personnalisés qui occupent au quotidien nombre de nos compatriotes, à travers essentiellement les réseaux sociaux, les médias traditionnels et des sujets de conversation à tous les niveaux de la vie nationale.
Les débats de société se résument désormais aux épopées judiciaires, aux sextapes, aux phénomènes regrettables qui étalent publiquement des antivaleurs (potins villes dégradants, manquements et insuffisances comportementaux jusqu’à une certaine dépravation des mœurs accentuée par des insultes et dénigrements), au point que pour un objectif de visibilité politique ou sociale, certains compatriotes n’hésitent pas de s’illustrer en bon insulteur patenté, calomniateur ou encore par des dissertations honteuses qui s’en prennent injurieusement à des personnalités connues sous la forme d’une critique ouverte mal encadrée.
Les réseaux sociaux qui servent de canaux de diffusion à toutes les formes d’attaques personnelles, d’atteinte à la moralité publique ou à l’honneur des tiers, se sont transformés en tribunaux destructeurs de mœurs et en moyens privilégiés de promotion de toutes sortes d’antivaleurs.
Il n’est pas rare de constater que la plupart de nos compatriotes passent des journées entières à discuter individus, à pinailler, à remuer des sujets déjà suffisamment pris en charge par des instances habilitées, cas de la justice, des institutions de la République ou encore des services publics plutôt que de développer des projets novateurs, à impact socio- économique réel.
Les congolais sont occupés par la vétille et le superficiel au lieu de développer leurs différents domaines professionnels de compétence.
I. Tous les débats sont réduits aux individualités et aux phénomènes à faible potentiel développemental de la
société.
Il est tout autant inhabituel d’intercepter en cette période de confinement et d’état d’urgence sanitaire, des compatriotes taillant bavette autour des sujets moteurs du développement du pays. Tous les débats étant réduits aux mœurs reprochables des personnalités les plus en vue ou à des individus dont la capacité mentale s’atrophie dans une galère de discussions infertiles.
Chaque jour qui passe nous présente sa panoplie de théâtre inédite, avec les mêmes acteurs qui entonnent les mêmes chansons : politique, judiciaire, scandales, détournements, attaques verbales ou encore des injures qui portent atteinte à la moralité publique, à la pudeur ou à la réputation de nos élites, toutes tendances confondues.
Même des intellectuels supposés représenter un certain espoir pour la construction de notre Etat se plaisent à intégrer des groupes sociaux sans aucune finalité sociale.
Ces discussions creuses ont fini par prendre la place des jeux combinatoires de cartes ou de dame jadis considérés comme des véritables refuges pour les sans-emplois. Ainsi, si ce n’est pas Mimie qui est disséquée, c’est Tony, Stéphanie, José, Nadège, ou Hugues.
Si ce n’est pas Mamie qui est mise à l’évidence, c’est Prospère, Déborah, François ou alors Ibrahim.
En toute honnêteté, ces écarts constatés globalement dans l’agir commun des Congolais contrastent avec les urgences de stabilisation de notre jeune démocratie, de renforcement de nos institutions, de relance économique et de prise en charge sécuritaire du territoire national en ce moment où se signalent des bruits de bottes dans plusieurs coins de notre République.
Les jeunes élèves et étudiants ont tout oublié pour ne consommer que les scandales des réseaux sociaux 24h/24.
La politique politicienne devient une profession et un raccourci pour tout celui qui veut s’enrichir illicitement et sans cause. Désormais, devient politicien qui veut. Il suffit de savoir insulter ou danser pour se rendre « honorable » ou « excellence », c’est
selon.
Pendant ce temps où la distraction nous fait perdre nos objectifs de gouvernance, l’on assiste à la dépréciation du Franc congolais, aux tueries ignobles de nos compatriotes en Ituri et à Beni, aux catastrophes
naturelles au Sud-Kivu, au Maniema, au Tanganyika, au Lomami, à la faillite de nos entreprises publiques, à l’effondrement de notre système économique et sanitaire, à la flambée des prix des denrées alimentaires, à la destruction des routes d’intérêt national, à l’effondrement de notre système social et politique, à la montée des velléités sécessionnistes, à la baisse du niveau d’éducation scolaire et académique, etc.
Que de la distraction !
II. Nécessité de rappeler la responsabilité des médias en cette période sensible de consolidation de la première alternance pacifique en République Démocratique du Congo.
Le rôle prépondérant joué par les médias nationaux et internationaux dans la promotion des différents phénomènes décriés vient exercer une action psychologique néfaste sur le public à telle enseigne que la société tout entière s’en trouve prise en tenaille.
Tout en encourageant un suivi médiatique responsable des différents faits de société qui pullulent au pays, il est recommandable d’inviter les médias nationaux et internationaux à davantage de retenue et de sens élevé de discernement positif.
Car, toute accentuation excessive desdits événements dans la diffusion publique sur les médias contribue dangereusement à dévier la Nation de ses objectifs les plus nobles à savoir, la réconciliation, l’unité nationale, la démocratie à la congolaise, l’Etat de droit, et le développement.
Le relaiement aveugle des propos haineux ou provocateurs sur les chaînes de télévisions, de radios ou encore dans les colonnes des journaux et sur la toile offre un plébiscite aux antivaleurs. Il en est de même des commentateurs et chroniqueurs politiques dont les plateaux sont généralement ciblés par des fauteurs des troubles pour invectiver ou narguer d’autres citoyens.
Ces agissements nuisent dangereusement au climat de paix, de cohésion nationale et de cohabitation pacifique entre les Congolais.
III. Elever la musique au diapason de l’éducatrice des masses.Le paradoxe fait dire à certains compatriotes que notre musique congolaise n’est agréable que « quand elle profère des insanités ».
Quelle aberration ? Etant donné qu’à la place de concourir à l’éducation de nos masses laborieuses comme du temps de LUAMBO MAKIADI, elle est à l’œuvre de la destruction systématique des mœurs.
Plus grave, nos organes de censure et de régulation s’avouent lamentablement impuissants et incapables de redresser la situation. Ainsi, notre musique véhicule insanités, insultes et toutes sortes d’immoralités sans que ceci ne préoccupe véritablement les décideurs en la matière.
La musique congolaise doit revêtir ses lettres de noblesse, reconquérir sa place en Afrique et dans le monde par sa qualité et sa respectabilité
IV. L’Eglise comme première redresseuse des mœurs.
Le nombre d’Eglises, Mosquées, Synagogues et Paroisses disponibles en République Démocratique du Congo devrait constituer un avantage non négligeable dans la promotion des valeurs positives.
Nous attendons des grandes dénominations religieuses de notre pays (toutes confessions religieuses confondues), l’amplification des programmes d’éducation à la vie, de moralisation de la société et de religiosité positive.
Sur ce chapitre, nous déconseillons la création ou la fondation des assemblées religieuses sur la simple base tribale plutôt que de se fonder sur l’appel spirituel de DIEU. Le retour à la rigueur épargnera à la Nation plusieurs velléités telles des scandales de tout genre (injures, sexe) vécus ces derniers temps.
V. Responsabilité de toute une génération.
Dans le processus de notre construction en tant que nation, nous avons connu des valeureuses et formidables générations, qui n’hésitaient pas de prendre des risques historiques conséquents afin de remplir les missions qui étaient les leurs selon les périodes.
Nous sommes aujourd’hui héritiers des luttes harassantes de nos pères, qui n’avaient ménagé aucun effort pour nous léguer ainsi notre mère patrie dont sommes tous fiers.
Mais que faisons-nous pour honorer tous ces héros qui, à partir de leurs sépulcres, observent avec angoisse, la destruction de tout l’héritage légué à nous au prix d’énormes sacrifices, voire suprêmes.
Il s’agit de la responsabilité historique de toute une génération et non de quelques citoyens. A notre tour, que léguerons-nous aux générations futures ? Que retiendront nos enfants et petits-enfants, de cette génération ? Célébreront-ils notre passage sur terre, autant que nous célébrons nos pères ou maudiront-ils nos tombes au quotidien ?
Ne sommes-nous pas en train de trahir notre mission ?
A chacun de trouver sa part de responsabilité.
Voilà pourquoi nous en appelons à :
- Une mobilisation tous azimuts des Congolais afin de
– Bannir les vulgarités ;
– Arrêter toute forme de distraction ;
– Décourager les antivaleurs. - Un assainissement conséquent des interventions médiatiques pour :
– Limiter les communications ayant trait aux débats de personnes et
de privilégier les débats d’idées ;
– Censurer toutes les attaques personnelles, incitations à la haine,
obscénités et insultes. - Un retour au travail et à la prise de conscience nationale pour :
– Laisser à chaque Institution jouer son rôle ;
– Permettre à toutes nos compétences de s’exprimer valablement pour
le développement de la société.
A bas la distraction, est la phrase qui a clôturé cette missive du président de la NOGEC avant de remercier la population congolaise.
Narcisse Ntumba.