Kinshasa : après la mort de Divine Kumasamba, combien faut-il avoir en espèces à 2h du matin pour qu’un enfant malade soit pris en charge à l’hôpital Diamant ou HJ ?
C’est la question que se posent aujourd’hui plusieurs internautes et des millions de Congolais, après le décès d’une compatriote faute de prise en charge médicale.
À 27 ans, Divine Kumasamba, fraîchement diplômée en droit à l’UPC, a succombé à ses douleurs après que deux centres hospitaliers de Kinshasa notamment Diamant et HJ l’ont refusé la prise en charge faute de paiement immédiat en espèces.
Selon les témoignages recueillis, le drame s’est produit aux alentours de 2 heures du matin, entre dimanche et lundi. La jeune femme, en détresse vitale, a été conduite d’urgence d’abord à l’hôpital Diamant, où la famille affirme s’être vue réclamer 5 000 dollars en espèces avant toute intervention médicale. Après des innombrables insistances, la famille décide ensuite de changer l’hôpital. C’est à l’hôpital HJ, d’où la réponse était similaire, mais cette fois à hauteur de 2 000 dollars en espèces avant toute intervention.
Sa mère, larmes aux yeux, n’avait en main que 500 dollars et a supplié sans succès les responsables de débuter les soins, promettant de solder le reste dès le lever du soleil. Son père, alors en mission de service loin de Kinshasa, a tenté un virement via monnaie électronique, mais les hôpitaux concernés auraient catégoriquement rejeté ce mode de paiement faisant croire qu’ils n’avaient aucun numéro téléphonique capable d’effectuer l’opération.
Avant que l’inévitable s’est produit, la famille va quitter HJ pour l’hôpital Saint Joseph. C’est ainsi que la vie de Divine Kumasamba qui n’a certainement pas supporté tous ces mouvements de «va-et-vient». À la fleur de l’âge, Divine laisse inachevés, ses rêves, projets et ambitions. Tous s’écroulaient en une fraction de seconde après 27 ans de construction et de sacrifice. Quelle tragédie ?
Une question s’impose : que vaut la vie d’une Congolaise face à une facture de 5 000 dollars exigée en pleine nuit, et payable uniquement en espèces ?
Ce drame, qui enflamme les réseaux sociaux, relance le débat sur la responsabilité sociale et fiscale de ces hôpitaux privés qui, paradoxalement, doivent beaucoup à l’État congolais en matière d’impôts et de redevabilité.
Il est temps que le gouvernement Suminwa, à travers son programme d’action «Couverture de santé universelle», mette en place tous les mécanismes nécessaires afin de garantir l’accès aux soins médicaux pour tous. Cela concerne en particulier les Congolais les plus vulnérables, ceux qui ne seront jamais en mesure de disposer, en pleine nuit, de 5 000 dollars en espèces pour répondre aux exigences médicales.
Narcisse Ntumba